Pédagogie et populisme
Pédagogie, le mot à la mode chez les politiques et journalistes. Très joli mot mais qui maintenant me donne de l’urticaire
Est-ce que ces gens ont lu la définition de pédagogie ? La pédagogie (du grec παιδαγωγία, direction ou éducation des enfants) désigne l'art de l'éducation
Euh, le peuple n’est pas des enfants, et l’explication et la justification de ses choix n’a jamais été de la pédagogie.
Alors pourquoi utilisent-ils ce mot ? Ils ne sont pas idiots quand même ?
L’emploi de « pédagogie » est le pseudo-argument qui cherche à désamorcer toute critique. Ce qu’il révèle, c’est l’attitude condescendante d’élites persuadées de la pertinence de leur grille d’analyse et des remèdes à appliquer au pays, pour le faire entrer enfin dans la norme
Les élites universitaires, politiques, médiatiques, se pensent à l’avant garde. Dans Ecosophie, Michel Maffesoli les qualifie avec une juste ironie de « sachants ».
La sagesse ou le bon sens populaires leur sont étrangers. Elles méprisent le peuple, qui serait trop attaché au particulier comme le souligne la philosophe Chantal Delsol, trop conservateur.
En recourant à cette rhétorique de la pédagogie, les « élites » infantilisent le peuple. Elles contournent ainsi la voix du peuple, trop immature, trop peu expert par rapport à tel ou tel sujet.
Il n’y a pas à débattre, pas d’idées à confronter ; il y a seulement à expliquer ce que des « experts » ont décidé avec « efficacité » et « pragmatisme » et qui est la seule voie possible.
Ce que la « rhétorique de la pédagogie » implique aussi, c’est que le peuple doit être éduqué (voire rééduqué) pour comprendre ce qu’il en est réellement, que ce qu’il ressent ou pense mauvais pour lui est en fait formidable. Pour qu’il agisse, pense et vote comme il le faut.
Ce que l’on nomme « populisme » est une réaction à ce mépris de classe.